lundi 12 juin 2017

Élise et Lise

Élise et  Lise ne se sont pas rencontrées le même jour. C’est étonnant mais c’est pourtant vrai. Quoiqu’il en soit, il y avait déjà un moment que Lise, qui allait faire le premier pas, se sentait attirée par Élise. Tout en elle lui plaisait. Sa silhouette, ses vêtements, sa légèreté, son sourire, sa bonne humeur. Elle essayait d’ailleurs, quand elle se rendait chez Zara ou chez Camaïeu, de trouver le même petit haut à bretelles qui lui allait si bien et qu’elle finira par dénicher, acheter et porter. Elle ne savait pas encore que leurs prénoms se ressemblaient. Étudiantes, elles suivaient le cours de madame Roger sur les personnages qui peuplent les contes des frères Grimm. Sarah, très proche d’Élise, et qui suivait également ce cours, assistait à la rencontre qui eut lieu devant la cabine d’essayage du Kookaï de la rue Saint-Charles.

« Quand elle repense à cette scène, quand elle la reconstruit dans sa mémoire insuffisante, elle entend toujours Élise se présenter la première, "Élise", et Lise ensuite dire "Lise", et ça fait comme un écho. Mais Sarah sait bien qu’elle imagine, parce qu’en réalité elle ne se souvient plus. »

À partir de ce jour, les deux jeunes filles ne vont plus se quitter. Elles vont habiter le même deux pièces, s’échanger leurs vêtements, partir en week-end ensemble chez les parents d’Élise. Celle-ci a pris d’emblée, et sans le vouloir, l’ascendant sur celle qui veut lui ressembler, glaner quelques traits de sa personnalité pour s’inventer une histoire qui ne débuterait qu’à l’instant où elles sont devenues amies.

« Lise profitait de l’absence d’Élise pour entrer dans cette jupe à carreaux, cette chemise en jean, cette robe à pois, ce petit haut à bretelles. Elle y entrait et y entrer c’était comme entrer dans un autre monde, un monde où Lise n’existait pas et où il n’y avait plus qu’Élise. »

C’est ce mimétisme que Philippe Annocque décrit. Il semble avancer avec une certaine nonchalance mais construit en réalité un roman bien charpenté, conçu tel un conte résolument ancré dans l’époque. Il passe d’un personnage l’autre, les éclaire à tour de rôle, précise d’un mot, d’une phrase, la fragilité de Lise et la liberté assumée d’Élise, le tout ponctué par les interventions de Sarah qui, sans s’éloigner tout à fait, est totalement accaparée par l’étude, la signification et les diverses interprétations des contes.

« Les contes sont des organismes vivants qui vivent leur vie à travers nous. L’individu est sans pouvoir sur eux. »

Un autre personnage apparaît bientôt. Il s’installe durablement. Il s’appelle Luc. C’est « le garçon qu’Élise leur avait trouvée ». C’est Lise qui pense ainsi. Heureuse de savoir son amie heureuse, elle sera triste quand l’histoire se terminera, plus triste encore que celle qui vient d’être quittée.

Élise et Lise est un conte subtil, empli de fraîcheur et d’envie de vivre, qui peut facilement basculer. Les thèmes abordés, sans jamais être nommés, (le besoin – pour Lise – de se conformer, de paraître, de devenir le double, la copie de celle qui la fascine et le risque - qui la guette - de se perdre ou d’usurper une identité) s’avèrent si déstabilisants qu’on se dit parfois qu’il suffirait d’un rien pour que l’histoire prenne soudain une tournure différente, chavirant dans le rude, l’effroi, la dureté. Philippe Annocque s’en garde bien. Il maîtrise son sujet à la perfection. Il sait où il veut nous mener. Et maintient, pour cela, une tension élevée jusqu’au bout. Jusqu’à cette ultime fenêtre, grande ouverte, sur laquelle se termine le livre.

 Philippe Annocque : Élise et Lise, Quidam éditeur.


jeudi 1 juin 2017

Ni bruit ni fureur

Il arpente le Nord de long en large. Il y est né et y habite toujours. Sa mémoire en est imprégnée. La diversité des lieux le façonne. C’est là que se trouve son champ magnétique. L’aiguille de sa boussole intérieure en atteste. Elle lui permet de s’orienter dans ses nombreux déplacements en lui demandant constamment d’ouvrir ses écoutilles. Et c’est justement le genre d’incitation que Lucien Suel apprécie, lui le curieux, l’homme porté vers l’échange, désireux d’en connaître toujours un peu plus sur ces territoires familiers qui recèlent tant d’ombres et de secrets. C’est ce qu’il explore, par la langue, par l’écriture, en faisant en sorte que l’écrit puisse être porté par l’oralité, dans cet ensemble qui mêle proses et poèmes et qui se présente tel un triptyque. 
Enfance au Nord en est le premier volet. Qui débute par l’évocation du jeune Bernanos à Fressin.

« Le petit Georges trempe le bout de ses doigts dans l’eau froide de la Planquette, un bénitier naturel. Les saules étêtés se mirent dans l’eau des mares. Le vent secoue les peupliers, ébouriffe leurs grappes de gui. Les briques rouges, roses et jaunes et les tuiles d’argile brillent sous le soleil. Au retour, Georges se signe devant le calvaire à l’entrée du village. »

On aperçoit Mouchette au loin. Lucien Suel (que l’on retrouvera plus tard en bambin frigorifié dans l’église de Guarbecque) la saisit en quelques phrases. L’ombre de Benoît Labre circule également à flanc de collines. Ainsi que le fantôme de Germain Nouveau. Tous reviennent, porteurs d’une histoire, d’un parcours, hanter des lieux précis. Suel les repère et évoque leur présence en passant aisément d’une époque à l’autre.

Le jardin, endroit qui lui est cher, qui l’apaise, occupe la deuxième partie du livre. L’enclos, qui se nourrit en plongeant dans un sous-sol profond, est directement relié aux galaxies. Il est empli de milliers de vies minuscules, souvent invisibles, parfois masquées par celle de l’homme qui finira pourtant, un jour ou l’autre, par être absorbé par cette terre qu’il travaille tandis que les plantes feront le chemin inverse, crevant, après germination des graines, la surface du sol pour profiter du vent, de la pluie et de l’air libre.

« Orage secret, tu t’approches derrière l’abri des nuages. La fée souffle son haleine glaciale au cou du jardinier. La mésange lève sa casquette bleue et appelle titipu titipu titipu. Le ciel avance dans le noir, se colle sur les peupliers tremblants. La goutte ronde est tombée la première sur l’araignée du troène. »

Le troisième volet de Ni bruit ni fureur est dédié aux disparus. L’auteur leur construit un ossuaire. Y cohabitent tous ceux qui restent indéfectiblement présents à ses côtés. Il y a là des dizaines de défunts, de Ginsberg à Criel en passant par Tzara, Brautigan, Lennon. Leurs os assemblés forment un imposant terril blanc.

« les os de tous les morts classés dans
la cathédrale de mon esprit ensevelis
dans les matières grises de mon crâne »

Un hommage plus intime est consacré à Christophe Tarkos, dans un long texte-collage conçu à partir de lettres postées par ce dernier entre 1994 et 1999, juste avant qu’internet ne remplace la correspondance papier.

« Marseille, 25 janvier 1996, Tarkos écrit que, dans les gravats, il a son adresse en construction qui temporise.

Paris, 27 mars 1996, Tarkos écrit qu’il part faire une lecture et que des fois les mots les plus simples on peut pas les lire.

Marseille, 11 avril 1996, Tarkos écrit qu’il travaille, et qu’il en est heureux, et que c’est heureux, receveur (en tee-shirt) – auxiliaire (pas encore titulaire) bas de l’échelle – de la gare de Meyrargues et que Micha chante avec les Kirghizes dans le soleil couchant du port. »

C’est une somme foisonnante, ouverte, offrant des formes variées, que nous propose à nouveau Lucien Suel. Il fouille, bouge, traverse nombre de paysages, fixe la ligne d’horizon, la franchit fréquemment, saute les frontières, porte un regard attentif et fraternel sur tous ceux (vivants et morts) qui l’accompagnent sur les routes des Flandres, de Picardie, d’Artois (et d’ailleurs) qu’il fréquente assidûment.


Lucien Suel : Ni bruit ni fureur, La Table ronde (175 pages, 16 €)

Lucien Suel publie parallèlement Angèle ou le syndrome de la wassingue aux éditions Cours toujours. Un roman empreint de fraîcheur et de malice, conçu autour de la personnalité attachante d’Angèle, une petite fille rêveuse et émerveillée, ce qui ne l’empêche pas d’avoir les pieds sur terre, et les mains dans l’eau, tout particulièrement quand il s’agit de mouiller et d’essorer la wassingue (la serpillière).

mardi 23 mai 2017

Sous vide

À la fin de Petite vie, son précédent roman, qui lui-même succédait à Bas monde, Patrick Varetz laissait Pascal Wattez, son double, en proie à ses premiers émois sexuels. Il les vivait en compagnie d’enfants de son âge. Il avait alors dix ans. C’était peu après mai 1968. Il découvrait l’inconnu des corps et cela le sortait momentanément de l’étouffoir familial, ce huis clos insensé qui était le sien depuis son plus jeune âge, coincé entre son « salaud de père » et sa « folle de mère ».
On le retrouve vingt ans plus tard. Début des années 1990. L’emprise de ses géniteurs ne s’est pas vraiment desserrée.

« Je demeure sec, privé de l’essentiel, égaré à l’endroit du cœur, le ventre habité par une fringale idiote. Le nez enfoncé entre les oreillers, il me suffit de relever le front pour – aussitôt – entendre aboyer mon salaud de père. »

Il vit seul. Travaille pour Blanc, un type qui le paie bien, qui se balade entouré de gens branchés, qui lui demande – l’appelant parfois en pleine nuit – de rédiger des textes pour vanter les qualités de tel ou tel produit. L’argent (liquide) coule à flot mais le narrateur s’en fout. Les billets, il les disperse, les abandonne entre les pages de ses livres et les oublie. Il adopte la même méthode avec les feuilles bleues que les huissiers glissent régulièrement sous sa porte. Les impératifs matériels le rebutent. Il ne règle pas ses factures. N’ouvre plus sa boîte aux lettres. Connaît l’apathie sur le bout des doigts. S’ankylose, se laisse aller. Vit par intermittences. Un jour au présent. Et le suivant au passé, se souvenant qu’à 17 ans, il a réussi à s’extraire de l’univers parental, partant à l’aventure et usant de psychotropes pour égayer un quotidien foutraque.

« Un sentiment de vide, impossible à contenir, s’élargit brutalement en moi. Je ne démontre aucun courage. L’exemple calamiteux de mes parents me laisse inachevé, entre deux âges, et je perds pied à mesure que je crois m’éloigner d’eux. Il n’y a guère qu’envers les psychotropes que je développe un semblant d’assiduité. »

Écrire des textes de commande l’aide à occuper sa tête et ses journées mais son corps n’y trouve pas son compte. Il aimerait bien exulter et assouvir ses pulsions. Le souvenir de Claire, amie qu’il n’a pas revu depuis longtemps, le hante. Une nuit, il l’appelle sur un coup de tête, lui laisse un message maladroit. Auquel elle répondra quelques jours plus tard. Déclenchant une rencontre. Puis une autre, et d’autres encore. Ce sera le début d’une irrémédiable et vertigineuse descente. Le grand vide qui les habite tous deux va les aspirer vers le bas. Dérégler définitivement des mécaniques déjà mal en point. La folie rôde. Claire va disjoncter après quelques mois de vie commune. Leurs ébats sexuels, à la fois crus et rugueux, pratiqués dans des lieux improbables (y compris à la clinique, en tenant d’une main la potence de la perfusion) ne seront pas de ceux qui apportent équilibre et apaisement.

Au delà de l’histoire – rude – il y a l’écriture. Et celle de Patrick Varetz est étonnante de maîtrise. Ses phrases courtes claquent et se succèdent, alimentant une narration tendue qui se maintient en permanence sur la crête de la vague. Elle ne se désunit jamais. Venant du ventre et des tripes, elle est soutenue par une langue exigeante, riche, nerveuse, extrêmement convaincante.

Patrick Varetz : Sous vide, éditions P.O.L. (224 pages, 15 €)

"Le Matricule des anges" a consacré la une et le dossier de son N° 180 (février 2017) à Patrick Varetz.

dimanche 14 mai 2017

Des carpes et des muets

Il a beau flâner et prendre son temps, le passé finit presque toujours par remonter à la surface. Il se fait parfois aider par une main anonyme. C’est le cas ici, dans ce roman qui démarre au quart de tour.

Les faits ont lieu sous le cagnard, au plus fort de l’été, un jour de curage du canal dans le petit village de S. Des volontaires raclent la boue et les détritus au fond de l’eau quand l’un d’entre eux découvre un sac d’épicerie près de l’écluse. Il est accroché à l’un des barreaux de l’échelle mécanique. À l’intérieur, il y a un squelette en morceaux. Un crâne et des os. Sortis d’on ne sait où. Et attachés là très récemment, pour qu’on les découvre. Mais par qui, et pourquoi ? Mystère. Savoir à qui, à quel mort appartiennent ces ossements semble une énigme trop compliquée à résoudre pour la communauté des villageois. Tous sont chamboulés, déconcertés. Seul Phlox, qui habite là depuis peu, garde son calme. Stoïque et pondéré, il écoute les uns, les autres. Qui accusent le coup, parlent à demi-mots, ressassent de vieilles histoires. Ils réactivent des mémoires bien encombrées. Certains remontent à la guerre. D’autres se souviennent d’anciennes disparitions jamais vraiment élucidées. Des hommes qui n’ont plus donné signe de vie.

« Un jour Heinrich est parti. Il n’avait jamais envoyé de carte. Alors qu’il avait promis. Quelque temps après son départ, une femme avait écrit d’Allemagne. Elle avait dit qu’il n’était jamais rentré. »

Ce mort qui revient les saluer à sa manière les sidère. Il perturbe la monotonie ambiante. Bouscule ces êtres qui vivaient jusqu’alors en vase clos, repliés sur eux-mêmes, chacun tenant à garder ses secrets. Or, il y a ce sac d’os. Qui vient remuer de l’histoire ancienne, et tout particulièrement celle de la guerre qui a laissé des traces encore palpables dans ces régions frontalières de l’est de la France. Celle-ci les a durablement marqués. Le paysage en porte toujours les stigmates. Elle est à l’origine de cette culpabilité et de cette peur perpétuelle que tous ont l’air de porter en eux. Même les plus jeunes en sont affectés.

« C’est important les origines. C’est passionnant aussi, parfois, comme ces énigmes dans les films qu’il faut résoudre. La réponse se trouve quelque part, il faut savoir la chercher. Ce n’est pas toujours celle qu’on s’imagine. »

De réponse, ici, il n’y en aura pas. Tout juste des pistes, des suggestions, des secrets à peine dévoilés. Ces êtres d’ordinaire taciturnes vont s’épuiser, deux jours durant, en se prenant au jeu des soupçons et des confidences. Ce qui leur ressemble peu. Mais qui s’avère la seule issue possible pour retrouver, au plus vite, cette existence à la mémoire volontairement mis sous le boisseau qui leur va si bien.

Édith Masson, dont c’est le premier roman, brosse une série de portraits très suggestifs. Ses personnages sont méfiants. Ils attendent la nuit blanche (et passablement agitée) qui suit la découverte des os pour délivrer quelques uns de leurs souvenirs. Elle les collecte et en fait un montage judicieux, suivant la chronologie des faits en cours tout en effectuant de fréquents retours en arrière. Ceci à coups de dialogues brefs, ce qui donne un bel allant à son texte. Elle laisse de côté l’enquête policière pour ne s’attacher qu’à cette poignée de villageois un rien perturbés qui ne s’expriment qu’avec retenue, parvenant néanmoins à se comprendre et à se rassembler autour d’une mémoire collective où percent regrets, mal-être et trous noirs.

Édith Masson : Des carpes et des muets, éditions du Sonneur.

mercredi 3 mai 2017

Le Temps des immortelles

C’est une redoutable immersion dans le monde glacé et glaçant de l’ex-RDA que nous propose Karsten Dümmel dans ce nouveau roman. L’auteur sait de quoi il parle. Il a , à l’époque, été l’un des prisonniers politiques rachetés par l’Allemagne de l’Ouest. Ce qu’il décrit ici, c’est l’entreprise de déstabilisation mise en œuvre par la police politique (la Stasi) à l’encontre d’un individu jugé hostile, rebelle, déviant. C’est ce qui arrive à Arno K., qui habite à Berlin-Est, dans les années soixante-dix. Il travaille à l’usine. Écrit poèmes et nouvelles. Qui ne peuvent être publiés qu’après lecture attentive par la censure qui y trouve, presque toujours, matière à exercer une surveillance accrue de l’auteur en question.

« D’après les données opérationnelles, le sujet de processus avait montré dès 1968 un comportement hostile et négatif par son positionnement négatif en relation avec les mesures prises par les États membres du Pacte de Varsovie en U.R.S.S. »

La façon de « désintégrer » celui que la Stasi appelle le sujet ou la cible est particulièrement efficace. Les revues qui reçoivent ses textes doivent lui répondre que ceux-ci sont médiocres. Ses voisins et ses amis sont priés de s’éloigner de lui et de l’isoler le plus possible. Il est assigné à résidence et à un travail obligatoire. Ses courriers sont contrôlés. Sa ligne téléphonique est sur écoute. Sa petite amie (fille d’un attaché militaire Français) recevra un certain nombre de lettres, venant de différentes sources, annonçant que « le dit sujet est un espion et un traître ». On adressera également plusieurs missives au père de celle-ci. L’objectif est de sortir Arno K. de la société, de l’inciter à lâcher prise, de l’anesthésier, de le rendre inoffensif, de le tuer à petit feu, voire de le pousser au suicide.

Ce sont les étapes successives de cette lente et insidieuse procédure policière que met à jour Karsten Dümmel. Il le fait en adoptant une forme narrative a minima, qui joue sur différentes strates, détachant une à une les principales pièces du funeste puzzle. S’y intercalent les souvenirs plutôt agréables d’Arno chez sa grand-mère, son présent plus que compliqué, des extraits du journal qu’il tenait (et qu’il finira par brûler) et la quête, bien des années plus tard, d’une jeune fille qui traverse la France pour se rendre en Allemagne dans l’espoir de retrouver quelques traces d’un père qu’elle n’a jamais vu et qui ne l’a jamais vue non plus.

« Me gagne la peur de découvrir un parfait inconnu dans tous ces cartons de documents jaunis – trois mille cinq cents pages. De ne rien comprendre de sa vie – loin de nous, de ma mère et de moi, autrefois, à cette époque, dans cet autre monde. »

L’ensemble est entrecoupé des divers procès verbaux établis par les membres de la Stasi.

« Les mesures de désintégration que nous avons engagé ont permis d’atteindre un haut niveau de déstabilisation qui a débouché sur l’internement de l’objet à la clinique neuropsychiatrique de Stadtroda. »

Tout, dans ce roman où l’issue ne peut être que fatale, est dit de façon lapidaire, avec précision, sans jamais s’appesantir, à coups de séquences ciselées, axées autour de trois périodes différentes (hier, aujourd’hui, demain) dans une tension permanente et saisissante.

Karsten Dümmel : Le Temps des immortelles, traduit par Martine Rémon, Quidam éditeur.